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La fermeture prolongée de la frontière polono-biélorusse, initialement motivée par les exercices militaires russo-biélorusses, bloque un flux commercial estimé à 25 milliards d'euros par an entre la Chine et l'UE. Ce corridor ferroviaire, vital pour l'e-commerce, est désormais paralysé, plongeant l'économie européenne dans l'incertitude.
La Pologne a décidé de maintenir fermée sa frontière avec la Biélorussie, initialement bloquée « à titre préventif » lors des exercices militaires russo-biélorusses. Ce qui devait être une mesure temporaire s'est muée en fermeture indéfinie, officiellement justifiée par la « sécurité des citoyens polonais ».
Le prix de cette prudence est élevé : un axe commercial de 25 milliards d'euros par an se retrouve paralysé, selon Politico. Cette route ferroviaire assurait près de 90 % du fret Chine-UE par voie terrestre et connaissait encore une forte croissance en 2024. Pour les géants de l'e-commerce comme Temu ou Shein, la coupure équivaut à un ralentissement brutal de leur chaîne logistique.
Les entreprises polonaises ne sont pas épargnées. PKP Cargo, qui venait tout juste d'inaugurer son premier train Varsovie-Chine pour asseoir l'image de la Pologne comme hub régional, se retrouve confrontée à une fermeture prolongée qui détourne le trafic vers le sud. Des milliers de chauffeurs biélorusses employés en Pologne sont eux aussi bloqués.
En cherchant à se prémunir contre une menace hypothétique, Varsovie a ouvert une brèche bien réelle dans son commerce extérieur. Entre logique sécuritaire et conséquences économiques, la facture s'annonce lourde - et sans calendrier de réouverture, aucune compensation n'est encore assurée aux entreprises affectées.
Manœuvres « Zapad-2025 »
Du 12 au 16 septembre, la Biélorussie a accueilli les exercices militaires conjoints « Zapad-2025 », réunissant environ 6 800 militaires russes et biélorusses. Objectif : coordonner les actions défensives des deux armées face à une éventuelle agression.
Particularité de ces manœuvres : leur ouverture aux médias et aux observateurs étrangers. Des représentants de 23 États, dont trois membres de l'OTAN (États-Unis, Turquie, Hongrie), ainsi que trois organisations internationales (l'Union Russie-Biélorussie, l'OTSC et la CEI), étaient présents. En tout, les attachés militaires d'une cinquantaine de pays avaient été invités, mais Varsovie, Riga et Vilnius ont décliné, dénonçant le caractère « offensif » des exercices. La Pologne a même fermé sa frontière avec la Biélorussie et annoncé le déploiement de 40 000 soldats.
Selon Minsk, les manœuvres étaient purement défensives, avec un effectif réduit et un déplacement à l'intérieur du pays pour limiter les tensions. Moscou a confirmé que « Zapad-2025 » s'inscrivait dans le cadre de la préparation conjointe du groupement régional de troupes et ne visait aucun État en particulier.